Au début de l'année, j'ai suivi avec une copine un atelier "Faber et Mazlish", du nom de deux américaines qui ont développé dans les années soixante-dix une méthode de communication avec les enfants. Une psychologue française, récemment installée aux Pays-Bas, nous a très généreusement fait cette formation, dans le cadre d'un petit groupe d'une dizaine de parents.
J'avais lu il y a longtemps le livre le plus connu de Faber et Mazlish, "Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent". Cela me paraissait à la fois être du bon sens, mais en même temps, relever d'une forme d'expression qu'on ne pratique que rarement au quotidien :
essayer d'écouter quelle est l'émotion de l'enfant, la nommer, leur façon de désamorcer les conflits, d'établir des bases communes pour une négociation, leur façon de favoriser l'autonomie et la confiance en soi...
Alors bien sûr, cela recoupait pas mal d'autres "méthodes", comme la communication non-violente de Marshall Rosenberg (reprise notamment par Thomas d'Ansembourg), ou les "Parents efficaces" de Thomas Gordon. On retrouve aussi, transposés mais identiques sur le fond, beaucoup de concepts de communication (par exemple sur la confiance en soi, les compliments, l'autonomie) enseignés dans le cadre professionnel pour les managers notamment.
Et dans le bouquin, les petites BDs associées aux diverses situations paraissaient presque trop belles pour être vraies.
Et puis bon, comme d'habitude, le manque de pratique, et la difficulté de s'entraîner par soi-même, avaient fait que cela était resté un peu en jachère. J'ai donc sauté sur l'opportunité de cet atelier.
Le premier point positif, c'était de pouvoir "parler vrai" avec d'autres parents (des mamans essentiellement.... voire exclusivement, dans notre groupe) et de voir que nous étions toutes confrontées aux mêmes problèmes récurrents : évidemment on le sait, mais c'est pas mal de l'entendre concrètement.
Ensuite, c'était très utile de pouvoir s'entraîner, partager nos expériences, partager nos essais, réussis ou "ratés", et surtout pouvoir étendre sa "boîte à outils" pour être moins démunis devant les situations.
Parce qu'évidemment, la première chose qui reste de l'atelier, ce qui nous saute aux yeux quand on finit notre cycle de formation, c'est qu'on repère assez vite toutes les fois où on fait "mal" - en tout cas, où on retombe dans nos vieux schémas et façons de faire, où on ne prend pas le temps d'écouter, ni de réfléchir à une réponse plus adaptée. Quand à l'étape de corriger le tir... mhm là c'est plus difficile hein !
On voit bien aussi que notre propre état psychique (de fatigue physique et émotionnelle) est une des premières causes de nos réponses : les rares fois où on arrive à vaguement sortir de notre boîte à outils quelque chose qui soit plus adapté que notre enclume habituelle, c'est qu'on est vraiment reposé(e), zen, calme, à l'écoute, et qu'on a le temps...
Et que donc, une des premières recommandations de l'atelier, qui est de prendre du temps pour soi d'abord, est effectivement primordiale.
Là, j'étais particulièrement engluée dans une problématique de crises de colère et de frustrations d'Anton (à propos de plein de choses : la sieste, une glace, arrêter les jeux pour revenir à la maison, ...) de laquelle je sortais de plus en plus frustrée et énervée, par l'enchaînement négatif qui se jouait à chaque fois : je demande, il refuse, je redemande, il hurle, je me demande si j'ai vraiment raison de m'obstiner (est-ce si important que ca?) mais quand même il faut bien qu'il entende quelques limites, donc je m'obstine, il part en crise de furie, ... Bref, je pense qu'on a tous connu çà. Ce qui m'embêtait, c'est la régularité avec laquelle ce scénario se répétait.
Alors bien sûr, je voyais qu'il était frustré, qu'il était fatigué (sans vouloir l'admettre), mais je ne voyais pas trop d'issue à ce qui tournait toujours au combat.
Finalement, j'ai repensé à une citation qui m'a fait souvent sourire et réfléchir :
« L’enfant qui a le plus besoin d’amour est souvent celui qui se montre le moins aimable. » (Jane Nelsen), ou une variante - c'est au moment où l'enfant se montre le moins aimable qu'il a le plus besoin d'être aimé.
Depuis, au lieu de m'énerver et de camper sur mes positions, quand je vois qu'on commence une situation de confrontation, je lui propose un câlin - ou de le porter, ou de s'asseoir sur moi. Câlin qu'il refuse souvent de prime abord (non mais quand même !), mais qui fait ensuite souvent des merveilles.
J'ai tendance à oublier qu'il est encore petit et qu'il a besoin de câlins ; ce n'est pas parce qu'il exprime sa tendresse plutôt par le chahutage que par un câlin doux, qu'il n'a pas besoin d'intimité.
Alors évidemment ca ne diminue en rien la frustration ou la colère, mais des deux côtés elle passe mieux : il a sûrement l'impression d'être plus compris, de mon côté je n'ai plus l'impression d'un bras de fer ou d'une lutte de volontés têtues dont nous sortirions tous deux perdants, après cris et bouderies.
Et évidemment, de fil en aiguille, çà me fait repenser à ce que disait Françoise Dolto de la façon dont les petits reprennent, après être tombés ou s'être bagarrés avec un autre enfant, des forces dans les bras de leur parent avant de repartir de l'avant... la façon dont ils se reprennent, à la fois émotionnellement et physiquement, de par ce contact physique, dont ils se retissent et se restructurent en quelques instants, avant de pouvoir repartir vers le monde et ses découvertes.
Allez, tout çà me donne envie de réécouter du Dolto, ma cure bonne-humeur et bon-sens puissance cent mille !! Un petit coup de "lorsque l'enfant paraît" - toujours limpide, plein d'humour, de bienveillance et d'un zeste de provocation...
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